Congé de proche aidant : droits, conditions et indemnisation
Le congé de proche aidant : être rémunéré pour s’occuper d’un proche
Depuis 2017, celui qu’on appelait le congé de soutien familial a laissé sa place au congé de proche aidant. Tout salarié qui envisage de suspendre son contrat de travail pour aider un proche malade, handicapé ou en perte grave d’autonomie peut demander à en bénéficier. Inutile d’envisager la démission dans la mesure où le congé en question n’interrompt pas les droits acquis par le salarié. Il propose même une indemnisation partielle. À condition toutefois de respecter un certain nombre de prérequis :
- En premier lieu, le salarié doit entretenir un lien familial direct ou stable avec le ou la malade (vie de couple, résidence commune ou lien affectif reconnu).
- La personne aidée doit résider en France de manière fixe.
- Elle doit être reconnue comme en perte d’autonomie ou handicapée (via l’APA, la PCH ou un taux d’invalidité d’au moins 80 %).
La durée du congé est fixée à trois mois, dans la limite d’un an sur l’ensemble de la carrière du salarié. Mais ce congé offre de nombreux avantages : il peut être renouvelé, fractionné ou pris à temps partiel. A condition que l’employeur donne son accord.
Démarches, rémunération : quel est le salaire d’un aidant familial ?
Avant de pouvoir s’occuper pleinement d’un proche malade, le salarié doit prendre contact avec son employeur et lui adresser une demande écrite, au moins un mois avant le départ de l’entreprise. Parfois, la réalité de certaines situations nécessite de s’adapter.
En cas d’urgence (dégradation de l’état de santé, fin brutale d’hébergement), le congé peut commencer tout de suite. Mais il n’est pas possible de le cumuler avec une autre activité professionnelle, sauf à être embauché par la personne aidée elle-même, dans le cadre de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) ou la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) (voir plus bas).
Pendant le congé d’aidant, l’employeur ne verse aucune rémunération mais le salarié est éligible à l’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA) versée par la Caisse d’Allocation Familiale ou la Mutualité sociale agricole (MSA) pour celles et ceux qui relèvent du régime agricole.
En 2025, le montant s’élève à :
- 65,80 € par jour,
- 32,90 € par demi-journée,
(la limite est fixée à 22 jours par mois, ce qui représente une rémunération brute mensuelle de 1400 € maximum).
Toute demande doit être accompagnée de justificatifs (déclaration sur l’honneur du lien avec la personne aidée, décision de l’APA, taux d’invalidité…). À la fin du congé, le salarié retrouve son emploi ou un poste équivalent, et peut bénéficier d’un entretien professionnel.
Peut-on devenir salarié de la personne aidée ?
Il est tout à fait envisageable de devenir salarié de la personne aidée grâce aux aides versées par l’État (APA ou PCH). Il faut pour cela que la personne vous embauche via le dispositif du CESU (chèque emploi service universel). Cela permet de recevoir un vrai salaire, avec droits sociaux associés (congés, retraite, maladie…).
Attention toutefois :
- Les conjoints, partenaires de Pacs et concubins ne peuvent pas être rémunérés par le biais de l’APA (mais possible avec la PCH, sous conditions spécifiques).
- Le contrat de travail et la rémunération doivent être déclarés à l’Urssaf.
- Le salaire est plafonné en fonction des montants alloués par les dispositifs publics.
Dans de nombreux cas, cela représente environ 1 000 à 1 200 € par mois pour 20 à 25 heures d’aide hebdomadaire, selon les barèmes départementaux.
Autres dispositifs pour les agents publics et solutions alternatives
Les fonctionnaires peuvent formuler une demande de disponibilité de droit (non rémunérée) ou un temps partiel de droit pour accompagner un proche malade. Ce dernier permet de concilier travail et aide à domicile, sans perdre son statut.
Par ailleurs, ceux qui ne peuvent bénéficier du congé de proche aidant ou qui souhaitent sortir du salariat sont éligibles à plusieurs aides possibles :
- L’assurance vieillesse des aidants (AVA) pour valider des trimestres de retraite.
- La majoration de pension d’invalidité pour tierce personne (MTP), versée à la personne aidée, qui peut servir à rémunérer un proche.
- Des avantages fiscaux sont accordés en cas d’accueil permanent d’une personne de plus de 75 ans, sous conditions de ressources.
Une aide humaine, mais aussi psychologique
S’engager comme aidant peut être une source de stress et d’épuisement. Des structures comme l’Association Française des Aidants met en place des formations en ligne, des cafés-rencontres et un accompagnement psychologique. Les Centres Locaux d'Information et de Coordination (CLIC) ou les Centres Communaux d'Action Sociale (CCAS) peuvent aussi orienter les familles dans leurs démarches.
Résumé
Il n’est pas nécessaire de démissionner pour s’occuper d’un parent malade. Le congé de proche aidant, indemnisé par l’Allocation journalière du proche aidant (AJPA), permet de suspendre temporairement son contrat de travail jusqu’à un an, sans perte de droits.
Si certaines conditions sont remplies, il est possible de devenir salarié du parent aidé grâce à des aides publiques comme l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou la Prestation de compensation du handicap (PCH). Enfin, des structures de proximité accompagnent les aidants sur la durée, comme les Centres Locaux d'Information et de coordination (CLIC) et les Centres communaux d'action sociale (CCAS), pour les soutenir tant sur le plan administratif que psychologique.